lunes, 16 de mayo de 2011

Hágase la luz... cinematográfica.

1895-1914
L'usine à rêves
 
Paris, 1895 : les frères Lumière organisent la première séance publique de cinéma.
Ils ouvrent quelques mois plus tard la première salle dédiée à la projection de films et forment une multitude d'opérateurs quFi s'en vont réaliser des courts-métrages («vues») en Europe, aux Indes et bien sûr aux États-Unis.

Dans ce pays se multiplient les «nickelodeons», des salles populaires où l'on assiste à des séances de 4 minutes pour une modeste pièce d'un nickel.

Le premier est ouvert à Pittsburgh en 1905. Trois ans plus tard, on en compte dix mille dans le pays.
À cette date, le cinéma est déjà le premier divertissement des ouvriers. Bientôt ouvrent les Movie Palaces, plus luxueux les uns que les autres...
Léon Gaumont et les frères Pathé fondent les premières sociétés de cinéma du monde cependant qu'aux États-Unis, l'inventeur Thomas Edison tente de s'arroger le monopole de la production.


Les forains et les inventeurs qui, partout en Europe, s'étaient jetés joyeusement dans l'aventure doivent céder la place à des investisseurs avides de profits... un peu comme au tournant du XXIe siècle dans le secteur de l'internet.
Des «usines» se montent en diverses villes des États-Unis, où l'on fabrique des films à la chaîne.

En 1909, les neuf principaux producteurs (Edison, Biograph, Vitagraph, Essanay, Selig, Lubin, Kalem, Méliès, Pathé) mettent en commun leurs brevets dans une société commune, la Motion Pictures Patent Company (MPPC) et essaient de placer le secteur sous leur coupe. Mais leur union ne résistera pas plus de quelques années à la poussée de la concurrence...

 
Un essor fulgurant
La bourgeoisie cultivée est d'abord réfractaire à ce divertissement de foire dans lequel elle voit, comme l'écrivain Georges Duhamel, «une machine d'abêtissement et de dissolution, un passe-temps d'illettrés, de créatures misérables abusées par leur besogne», ou encore un «spectacle d'ilotes».
Mais grâce au génie visionnaire de Georges Méliès, le cinéma va connaître un essor fulgurant jusqu'à être qualifié de «septième art» (1911) et devenir le principal mode d'expression artistique du XXe siècle et sans doute aussi du XXIe.

Dès 1899, Méliès réalise le premier film politique autour de l'affaire Dreyfus, et en 1901 le premier «docufiction» sur le couronnement du roi Édouard VII, où il mêle le direct et les reconstitutions. L'année suivante, avec Le voyage dans la lune, il réalise le premier long-métrage (film d'au moins soixante minutes). Le succès est planétaire.


En 1903, Edwin S. Porter réalise le premier western, The Great Train Robbery (Le vol du grand Rapide, 12 minutes). Ce créateur inspiré allait devoir se reconvertir comme ouvrier d'usine et mourir pauvrement, tout comme Georges Méliès.
Une nouvelle génération se lève dès 1905, avec Max Linder, un réalisateur employé par les studios Pathé. Ses films loufoques vont inspirer dix ans plus tard Charlie Chaplin (Charlot).

Les monstres sacrés
Les producteurs, qui font jouer des artistes venus du théâtre ou du music-hall, ne se soucient pas d'afficher leur nom. Ils craignent qu'une trop grande notoriété les amène à réclamer des émoluments plus élevés. Les acteurs eux-mêmes ne souhaitent pas se faire connaître car ils craignent pour leur réputation !

C'est du public que vient la demande. Les lettres de fans affluent dans les maisons de production, à l'adresse de «la fille de la Vitagraph» par exemple.
Le culte des «divas» (ou dive, déesses en italien) ou «stars» (étoiles en anglais) naît en Italie, où le cinéma est dès l'origine très créatif, avec de nombreuses évocations historiques, annonciatrices des futurs péplums.
Jusque-là, le vedettariat concernait les comédien(ne)s et ne dépassait pas le public des théâtres. Par la magie du cinéma, il va pénétrer dans toutes les classes de la société, les villes et les campagnes.


Francesca Bertini, née en 1888 à Florence, morte presque centenaire et richissime à Rome, inaugure une lignée de «monstres sacrés» qui n'est pas près de s'éteindre.
Elle débute au cinéma à 16 ans (La dea del mare, 1904) et rencontre la gloire dans les années 1910. Son dernier rôle remonte à... 1976, dans le film 1900 de Bernardo Bertolucci.
L'autre diva des débuts du cinéma est Lydia Borelli, révélée en 1913 dans Ma l'amor mio non muore.

En 1910, aux États-Unis, le producteur indépendant Carl Laemmle soudoie la vedette de la Biograph, Florence Lawrence, fait croire à sa mort puis dément bruyamment celle-ci.
Les fans de l'actrice tombent en transes. La presse populaire en fait ses choux gras. C'est le début de la collusion entre les producteurs de cinéma, les acteurs et la presse populaire, le succès des uns alimentant le succès des autres.

Naissance d'Hollywood
Toujours en 1910, un réalisateur de la Biograph, David W. Griffith, s'en va tourner un film en Californie avec sa troupe, qui inclut une actrice au destin prometteur : Mary Pickford. Il découvre un endroit plaisant près de Los Angeles : Hollywood.
Après plusieurs mois de tournage, il revient sur la côte Est mais son expérience tente d'autres réalisateurs. Et dans les années qui suivent, nombre de producteurs indépendants commencent à installer en ce lieu leurs studios pour résister à l'obstruction de la MPPC d'Edison et compagnie. En 1914, Cecil B. DeMille tourne à Hollywood un premier long métrage, The Squaw Man (Le mari de l'Indienne).
Un an plus tard, en février 1915, Griffith présente la première superproduction de l'histoire : Naissance d'une Nation, l'un des films les plus rentables de l'histoire, cependant qu'un jeune acteur britannique, Charlie Chaplin, commence à faire ses classes auprès de Mark Sennett.
Dans le même temps, les jeunes cinéastes européens gagnent les tranchées. L'heure n'est plus à la gaudriole.
Les réalisateurs américains, portés par leur immense marché intérieur, profitent de l'opportunité pour asseoir leur domination sur le cinéma mondial. Cette domination est toujours aussi forte un siècle plus tard, même si les États-Unis connaissent une éclipse sur la scène géopolitique.

Bibliographie
Je recommande le très complet et didactique livre de David Robinson : Panorama du cinéma mondial (2 tomes, Denoël-Gonthier, 1973). On peut aussi lire avec plaisir le très richement illustré Larousse du cinéma (Laurent Delmas, Jean-Claude Lamy).
Fabienne Manière
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