lunes, 17 de junio de 2013

Maurice Nadeau (1911-2013)


Maurice Nadeau, un siècle en littérature


Esprit indépendant, éditeur de génie, lecteur avide et écrivain, Maurice Nadeau, décédé dimanche à l'âge de 102 ans, n'a jamais désarmé et sa vie se confond avec les livres, lui qui a révélé tant d'auteurs cultes, de Georges Perec à Malcom Lowry, de Henry Miller à Michel Houellebecq. 

Maurice Nadeau, un siècle en littérature

Esprit indépendant, éditeur de génie, lecteur avide et écrivain, Maurice Nadeau, décédé dimanche à l'âge de 102 ans, n'a jamais désarmé et sa vie se confond avec les livres, lui qui a révélé tant d'auteurs cultes, de Georges Perec à Malcom Lowry, de Henry Miller à Michel Houellebecq.
afp.com/Pierre Verdy
L'éditeur et écrivain Maurice Nadeau, qui avait créé la revue La Quinzaine littéraire en 1966 est décédé dimanche chez lui à l'âge de 102 ans. 
"Pendant toute ma vie, j'ai toujours eu la bonne place pour découvrir des écrivains. J'étais à l'affût, j'écoutais, je lisais beaucoup, des manuscrits, les revues, la presse étrangère", expliquait en 2011, pour son centième anniversaire, ce grand Monsieur des lettres au flair admirable. 
Né le 21 mai 1911, orphelin de guerre élevé par une mère illettrée, il était normalien et avait commencé sa carrière comme enseignant de lettres modernes puis journaliste et critique littéraire. Maurice Nadeau avait la carte de presse 5262, obtenue en juillet 1945 quand il était chroniqueur à Combat, avant de signer à l'Observateur, à L'Express... Il avait connu Aragon, Breton, Prévert, écrit une "Histoire du Surréalisme". 
Jusqu'au bout, cet éditeur et écrivain à l'allure de patriarche a veillé sur La Quinzaine littéraire, sa tour de guet, que l'ex-militant trotskyste avait fondé en 1966 après avoir créé la revue Les Lettres nouvelles. En mai 2013, il lançait encore un appel pour sauver le bimensuel, confronté de nouveau à de graves difficultés financières. 
Indépendance et flair
Face aux grandes maisons, la sienne incarne les vertus de l'artisanat et de l'indépendance sans concession. Avec moins de dix livres par an, elle a eu rarement les honneurs des prix littéraires. Angelo Rinaldi disait de lui: "il est l'éditeur de l'impossible". Les coups de marketing, les visées commerciales, ce n'était pas pour lui. 
Il avouait être "très fier" de certains écrivains qu'il avait publiés et parfois défendus contre la censure, comme Henry Miller, qui lui avait donné toute son oeuvre. Il avait aussi écrit le premier article sur Samuel Beckett, ce dont l'écrivain irlandais lui a toujours été reconnaissant, a fait connaître Georges Bataille, René Char, Henry MichauxClaude SimonWitold Gombrowicz et tant d'autres. 
"Après leur premier succès, ils me quittaient"
"Mais Malcom Lowry est ma plus grande découverte. Son roman,Au dessous du volcan, c'est l'une des plus poignantes histoires d'amour que j'ai jamais lue", confiait-il. "Georges Perec, aussi, je suis très fier de l'avoir découvert. Il avait été refusé partout. La plupart de ceux que je publiais l'avaient été. Après leur premier succès, ils me quittaient". 
Ainsi, dès queMichel Houellebecqest sorti de la confidentialité après la publication par Nadeau d'Extension du domaine de la lutte, en 1994, il a rejoint de plus grosses écuries. "Je me définis comme un passeur. Jeune, je voulais changer le monde, j'étais un utopiste. Aujourd'hui, je me révolte encore mais je ne risque rien", disait Maurice Nadeau, au soir de sa vie, assurant ne pas être angoissé par l'âge ni la mort, lui qui, à 95 ans, avait dû convaincre un chirurgien "d'oser l'opérer" d'un anévrisme de l'aorte. 

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